La sclérose en France de l’information

Publié le par plébéin

Vous qui goûtez lors de votre petit déjeuner, de votre déplacement en voiture ou tout simplement bien installer dans votre fauteuil, des joies de l’information radiophonique, télévisuelle ou journalistique, attention vous risquez une contamination virale.

D’éditos dans les magazines, de débats sur les plateaux télés, ou d’interview dans les studios des radios, l’information que l’on vous sert provient d’un nombre limité d’intervenants.

Sans s’attarder sur ce qui se fait de pire en la matière, vous avez deviné, l’émission de Monsieur Yves Calvi où en boucle les mêmes sujets reviennent au gré soi-disant de l’actualité, avec les mêmes débateurs qui n’ont de débateurs que de nom, puisque chacun de nous peut à l’avance deviner le contenu de leur intervention tellement le jeu de rôle est rodé et démasqué.

C’est la même maladie qui sévit sur tous les supports informationnels, on pourrait la qualifier d’oligarchie de l’information. Elle est composée des mêmes personnalités du journalisme (directeurs de journaux), des organismes de sondage, de soi-disant experts de tout genre (politique, économique, écologique, techniques, …), d’universitaires. Cette oligarchie n’existe que par l’intérêt individuel des intervenants à être à l’intérieur de ce réseau. Elle leur donne dans le monde d’aujourd’hui, qui récompense essentiellement la notoriété, la possibilité d’obtenir des revenus très élevés. Il ne faut surtout pas tuer la poule aux œufs d’or. De ce fait, le contenu est souvent pauvre (les analyses réalisées en des termes savants sont peu fouillées), très démagogique (il faut faire de l’audience), très consensuel (il ne faut pas se mettre à dos les directeurs de chaînes et ceux qui les nomment), mais surtout, la répétitivité des mêmes idées agissent selon le principe de la grenouille qui ne savait pas qu’elle était cuite (http://fils-de-plebe.over-blog.com/article-le-conte-de-la-grenouille-chauffee-ne-soyons-pas-la-grenouille-64039652.html).

Ainsi, pour exemple je retiendrai, les commentaires et les débats qui se sont tenus lors des débuts de la crise économique, l’âge de la retraite et les manifestations qui se sont déroulées, les primaires du parti socialiste et le désir unanime de voir Monsieur Dominique Strauss Kahn se présenter comme en 2006-2007 celui d’attendre un affrontement Madame Ségolène Royal et Monsieur Nicolas Sarkozy.

Reprenons l’exemple de l’âge de la retraite, c’est avec unanimité que cette oligarchie n’a pris le problème que sous l’angle de l’âge du départ à la retraite, alors que le véritable problème est celui de l’assiette sur laquelle est prélevé le montant des retraites à payer. Tout en reconnaissant que les délocalisations détruisaient les emplois, que les seniors n’étaient plus employés, que l’automatisation remplaçait des postes dans tous les secteurs d’activité, la focalisation des débats s’est faite uniquement sur l’âge de départ à la retraite. Il ne fallait surtout pas déplaire aux donneurs d’ordre. De ce fait, la culpabilisation des employés, des ouvriers, des cadres surtout, ayant un emploi a commencé à prendre forme, mêmes les organisations syndicales ont été emportées par ce courant informationnel contre lequel les arguments pourtant objectifs et pragmatiques n’avaient pas prises.

Il nous faut donc déjouer cette manipulation quotidienne, consciente ou inconsciente de ces oligarques de l’information.

La première défense, elle nous est possible individuellement en étant attentif à tout ce qui est écrit, dit ou montré, en refusant, de subir le panurgisme dans lequel on tente de nous enfermer, de prendre pour argent comptant même les plus belles images d’un reportage bien construit et de se demander où se trouve l’intérêt personnel de celui qui s’exprime.

La deuxième action est de demander avec insistance aux partis politiques lors des campagnes électorales de se prononcer clairement sur l’indépendance de l’information, sur la liberté de la presse, sur le financement des supports de communication.

La troisième action serait comme cela avait été obtenu en 1981 pour le développement des radios libres (reprises depuis pour la majorité d’entre elles dans la logique mercantile), de mettre en place un espace télévisuel d’information totalement indépendant en termes de financement (non dépendance à la publicité et par conséquent aux donneurs d’ordre des spots publicitaires, non dépendance aux pouvoirs publics (délivrant les subventions). A la manière du « Canard Enchaîné » financé essentiellement par la vente de son journal.

 

Il nous faut prendre conscience de ce mal qui nous ronge, il nous faut agir pour éviter que cette oligarchie mène notre société vers des voies sans issues que les générations futures pourraient souffrir dans leur sang.

Publié dans Média

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