Kouchner et les droits de l’homme

Chacun semble surpris des propos de M Kouchner en cette journée anniversaire de commémoration de la publication des droits de l’homme. Pouvons-nous en être surpris ?

Loin de mes propos de mettre un seul doute sur les capacités intellectuelles de M Kouchner, je peux néanmoins affirmer que ceci est le reflet de sa naïveté et certainement de sa vision quelque peu étroite des relations humaines.

Et cela va dans le même sens que l’incompréhension qu’ont eu les femmes et les hommes de gauche lorsqu’il a rejoint le gouvernement de M Sarkozy. L’homme de base, l’homme ignare, l’homme loin des pouvoirs dont je fais partie, sait par expérience, par observation, par animalité peut-être qu’il est illusoire de croire que l’on peut inscrire ses propres idées dans une démarche qui est opposée. Défendre des idées qu’elles soient de gauche ou d’un autre courant dans un système qui les combat ou tout simplement les contourne est illusoire et se retourne contre soi.

C’est de ne pas avoir eu ce seul recul qu’il a déçu les hommes qui partageaient avec lui ses idées d’humanistes et de conscience de gauche. Mais lui, dans ses propos a démontré qu’il ne comprenait pas cette soudaine hostilité, il n’avait pas l’impression de tourner sa veste, mais de suivre un chemin qui aurait dû le mener vers la réalisation de ses idéaux. C’était de la naïveté et aussi une part de la suffisance de celui qui sait, de celui qui ne partage que les hautes sphères des pouvoirs, environnement et fausse connaissance qui font perdre le bon sens quotidien.

Ses déclarations d’aujourd’hui, jour anniversaire, reflètent parfaitement cette crédulité et je serai tenté d’écrire de candeur. Je n’aurais pas dû créer un Secrétariat d’Etat aux droits de l’homme. Exprimant ainsi, que la mission de Ministre des affaires étrangères ne pouvait se couler dans les contraintes pourtant fondamentales de la déclaration des droits de l’homme. Il reconnaît par cette simple phrase que ses actions en Lybie, en Afghanistan, en Chine, au Moyen Orient, en Afrique, en Amérique, ne sont pas, malgré des démentis plus ou moins appuyés d’une parfaite transparence en termes de compromis vis-à-vis de la liberté, de l’égalité et du respect de l’homme. Raisons d’Etat, raisons économiques, raisons pilotées par les lobbies de toutes sortes, voilà les véritables raisons de sa déclaration d’aujourd’hui.

M Kouchner, vous vous êtes trompés, M Kouchner, vous avez mis un mouchoir sur les idéaux qui sont ceux de la majorité des personnes de gauche et que vous disiez partager, M Kouchner, vous venez de démonter en ce jour que vous n’étiez plus en phase avec vos paroles et soi-disant idées. M Kouchner, démissionnez en cette journée des défenses des droits universels de l’homme. Vous vouliez être Grand, c’est le moment.